Les recettes de Valérie à Tahiti





"La cuisine d'une société est un langage dans lequel elle traduit inconsciemment sa culture, à moins que, sans le savoir davantage, elle ne se résigne à y dévoiler ses contradictions" Claude Lévi-Strauss

Il y a quelques années de cela, je découvrais Tahiti pour la première fois et une collègue chinoise me dit un jour "j'aime bien la manière de manger des français". Avec la vision ethnocentrée que j'avais à l'époque, je n'ai pas compris ce qu'elle voulait dire, car je n'imaginais qu'il puisse y avoir une autre façon de manger que la mienne. Pour moi, les repas étaient forcément "à la française", avec 3 repas par jour, pris en famille pour au moins 2 d'entre eux, préparés à la maison et composés successivement d'une entrée, d'un plat et d'un dessert.

Plusieurs années de vie Polynésie cumulées à différents voyages m'ont appris qu'il y avait bien sûr d'autres façons de manger. Que la préparation collective d'un grand four où tout cuit ensemble pour ensuite être dégusté tout en même temps, c'est aussi manger. Que choisir et découper harmonieusement des légumes de couleurs et textures différentes pour qu'ils contentent à la fois l'oeil et le goût dans des plats qui peuvent être considérés comme entrée, plat ou dessert, c'est aussi manger.

Mais la manière de manger, ce qu'on mange, avec qui on le mange ont toujours une signification. On peut considérer, comme Christophe Serra Malol(1) que c'est un révélateur de culture.

Je reste une expatriée et j'ai apporté avec moi tous ces morceaux de culture que sont mes recettes de cuisine. Mais celles-ci sont imprégnées de mes expériences et se sont enrichies de tous les contacts avec d'autres cuisines, d'autres cuisinier(e)s de ces dernières années.



Il n'y a nulle prétention dans mes recettes, juste la volonté de partager celles du quotidien qui utilisent les produits locaux, celles qui font la différence entre simplement se nourrir et préparer un plat à partager en famille ou entre amis.

Gâteau à la banane 

Dérivé de l'antique gâteau au  yaourt, il permettra de passer des bananes trop mûres

3 oeufs
200 g de sucre
1 yaourt nature
50 g de beurre fondu 
3 ou 4 bananes mûres
200 g de farine
1 sachet de levure

Mélanger successivement tous les ingrédients et cuire à four moyen 25 à 30 minutes.


La recette du poisson cru au lait de coco ne voyage pas. C'est un plat qui a une incomparable saveur dans les îles de Polynésie, mais qui devient sans aucun intérêt gustatif dans le froid occidental. Par contre, la noix de coco rapée ou le lait de coco même en boite accompagnent souvent mes recettes.

Gâteau à la noix de coco

Pour utiliser la pulpe de noix de coco après en avoir sorti le lait

                                       3 oeufs
1 boite de lait concentré sucré 
1 boite et demie de lait frais
150 g de noix coco rapée

16 morceaux de sucre 

+ eau pour le caramel


Séparer les jaunes des blancs. Ajouter les 2 laits et la noix de coco. Ajouter les blancs battus en neige. Cuire le caramel dans le moule. Quand il a refroidi ajouter le mélange et cuire à four doux au bain marie pendant 40 minutes.

La vanille de Tahaa ou même des Marquises donnent une telle intensité aux plats préparés que j'ai appris à l'utiliser avec parcimonie.  On la trouve beaucoup dans les sauces pour poisson mais je l'apprécie aussi autour des viandes, notamment avec le poulet, le veau ou l'agneau. Cette recette s'adapte à toutes les situations, il faut juste moduler le temps de cuisson.

Poulet à la vanille

La vanille saura corriger la faible qualité gustative du poulet qui aura voyagé...


La vanille quand elle n'est encore qu'un gros haricot
1 kg de cuisses de poulet
1 oignon
2 ou 3 tomates
150 g d'abricots sec
2 gousses d'ail
1/2 botte de persil
1/2 l de bouillon de volaille
1 à 2 gousses de vanille


Mettre à cuire le poulet, dans une cocotte où l'huile est bien chaude. Quand il est doré, ajouter l'oignon émincé. Enlever l'excédent de graisse puis fariner les morceaux de poulet. Ajouter les abricots secs et les tomates épépinées et coupées en morceaux. Mouiller avec le bouillon de volaille. Ajouter le persil et l'ail coupé en deux. Ajouter la vanille coupée en deux dans le sens de la longueur et coupé en 3 ou  4 morceaux. Laisser cuire 40 à 50 minutes selon la grosseur des morceaux de poulet. Dégraisser et mixer la sauce avant de servir.

J'aime la richesse de la cuisine asiatique en général, les mélanges de parfums, de saveurs, de textures et j'apprécie particulièrement la cuisine chinoise de Tahiti(2) même dans les plats les plus simples.

Kai Fan

pour 4 personnes
2 oeufs
4 gousses d'ail
1 carotte
1 petit poivron
200 g de petits pois
320 g de riz
4 saucisses chinoises
Sauce soja

Dans la sauteuse bien chaude, cuire les 2 œufs façon brouillés. Réserver. Remettre de l'huile et quand c'est chaud, faire revenir ail ciselé, carotte, poivron coupés en petits carrés puis petits-pois. Ajouter le riz. Quand il est transparent , ajouter 1 volume et demi d'eau,  mélanger, saler, poivrer et couvrir pour laisser cuire. Faire bouillir les saucisses chinoises, les découper et les ajouter en cours de cuisson. Quand le riz est cuit, ajouter les oeufs brouillés et assaisonner avec la sauce soja. Parsemer généreusement d'oignons verts ou de coriandre selon le goût recherché.

Gâteau rustique des Caraïbes  

Pour retrouver le bon goût de la papaye dans un gâteau simple


300 g de mangue

300 g de papaye
80 g de beurre salé
80 g de sucre roux

3 oeufs
230 g de farine 
1 verre d'eau
1/2 sachet de levure

 
 
Laver, peler et découper les fruits en gros cubes. Mélanger le beurre mou et le sucre puis incorporer les œufs. Ajouter la farine, la levure,  l’eau et les fruits en dernier.Verser dans un moule recouvert d’une feuille de papier cuisson. Enfourner à 180˚ pendant 45 minutes environ.


J'ai de nombreux livres de recette dans lesquels j'aime plonger, mais il n'y a rien de mieux que de simplement prendre une idée et de la transformer selon son inspiration et les produits en stock.

Mais toutes ces entorses à la gastronomie traditionnelle française peuvent parfois me perdre jusqu'à ne plus savoir qui je suis. Alors je refais à l'identique une recette enseignée par ma mère ou une plus classique apprise à l'école hôtelière. Et je redeviens française... pour quelques temps.

(1) Changement social et traditions alimentaires. Approche socio-anthropologique de l'alimentation à Tahiti. Punaauia, Université de la Polynésie Française. Thèse de doctorat en anthropologie.(2007)
(2) La cuisine chinoise de Tahiti - Les Editions de l'après-midi (1987)
(3) Mon cours de cuisine. Les basiques italiens - Marabout (2008)

18 commentaires:

  1. Tes recettes sont très intéressantes, je vais tester ta recette de poulet à la vanille.

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  2. Merci pour vos commentaires, mais si quelqu'un a une autre façon de faire le Kai Fan, je prends.

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  3. merci ma cousine, on va le teste le petit poulet

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    1. Merci pour ta visite David et je suis ravie de te faire partager un petit bout de ma vie à Tahiti.

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  4. L'introduction me plaît beaucoup avec la "manière de manger", car effectivement, on pense que notre façon de manger est la même pour tout le monde alors que non.
    Tout cela m'a l'air très appétissant, je vais essayer le gâteau aux coco.

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    1. Merci Mika, j'espère avoir l'occasion de partager un jour un tama'a ra'a avec toi.

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  5. Moi aussi, j'ai beaucoup aimé ton intro : les différentes manières de manger, c'est une culture (que je peux la "modeler" lol)
    Mon Kai Fan je la fais avec ce qu'il y a dans mon frigo : des légumes respectant 3 couleurs au moins (par exemple rouge/vert/jaune = poivrons rouge, oignons vert, et oeufs), du riz, des saucisses chinoises et de la viande (poulet ou rumsteack).
    C'est le Kaifan, façon Laina LOL Merci Valérie, ta page cuisine était très appétissant

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    1. Merci Laina, je n'avais pas connaissance de cette notion des 3 couleurs.

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    2. hahaha oui c'est mon petit "truc" à moi. J'aime mettre des couleurs dans mes plats pour l'appétit des yeux d'abord avant celui du palais.

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  6. Après tous ces bons petits plats, je vais me mettre à la DIET !

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  7. Recette qui convient tout à fait pour cette période, car on a des mangues et des papayes en ce moment.

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    1. C'est important pour moi de cuisiner avec ce qu'on a dans le frigo et ce qu'il y a dans la nature.

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  8. Bonne initiative Valérie, ton gâteau allégé nous permettra de faire la transition avec tous les plats caloriques des fêtes.

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    1. En même temps, cela reste un gâteau... La papaye crue, c'est diététiquement mieux.

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  9. La cuisine, les plats ... c'est toujours ce qui marche le mieux !
    C'est vrai que c'est intéressant d'apprendre la culture et la manière de manger des autres. Ton entrée dans le thème est chouette.

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    1. Merci Miriama d'être passée par ces tranches de vie.
      Où qu'on aille, parler de cuisine est toujours une bonne entrée en matière.

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  10. Moi aussi, j'étais comme toi et je pensais qu'il n'y avait qu'une façon de faire ceci ou cela, oubliant les autres cultures. Grave ! Sinon, tes recettes sont alléchantes.

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